Israël, né en 1930, inspiration d’un homme d’aujourd’hui

Pour traverser le processus de deuil on doit commencer par y entrer

La perte de l’amour de toute une vie, d’un amour qui s’est construit dans un couple qui est devenu parents rapidement et avec de nombreux enfants. Un amour qui est devenu riche par toutes les épreuves de la vie. Un amour qui était finalement plus léger et dans lequel chacun n’avait maintenant qu’à s’occuper de l’autre. La satisfaction d’être arrivé à bout des difficultés, et de récolter enfin le fruit de leur travail de père et de mère de famille. Célébrer leur union et leur engagement l’un envers l’autre et savourer la vie était maintenant leur quotidien. Il était lumineux et simple.

Voilà ce qu’Israël a perdu lors du décès de sa femme. Il était alors âgé de 64 ans. Perdre ce gigantesque morceau que représentait sa femme a été pour lui la pire épreuve de sa vie. Il a eu du mal à s’en remettre, et à retrouver un sens à sa vie, même s’il a été entouré tendrement de ses enfants. Un vide persistait. C’était le désert à l’intérieur de lui. Il était découragé et épuisé. Sa vie pesait maintenant une tonne. Pour essayer d’arrêter de souffrir il a refoulé sa souffrance, il s’est débattu et il a cherché à remplacer celle qu’il aimait. Impossible. Même si Israël veut arrêter de souffrir et passer à autre chose, des obstacles intérieurs l’amènent à résister, à se débattre et ainsi à alimenter sa souffrance. En acceptant de ressentir la souffrance il entre dans son processus de deuil dans lequel il se découvrira des ressources insoupçonnées.

En acceptant de souffrir on gagne l’accès à nos ressources comme la détermination et la volonté de vivre

Israël est habité par une insatiable volonté de vivre qui le pousse à essayer, à recommencer, à tenter différentes choses. C’est ce qu’il a fait pour traverser son deuil. Il a fait des rencontres, il est sorti de chez lui, il s’est ouvert aux gens, aux femmes en particulier, pour se confier ou pour charmer. Israël a toujours cette connexion avec sa pulsion de vie. C’est une chance car elle lui sert énormément à vivre avec cette sensation de vertige intérieur où sa vie semble être un cul-de-sac. Il se laisse habiter par le besoin de plaisir pour survivre et emprunte différents chemins pour tenter d’y répondre. Pas toujours satisfaisants, mais il a le désir d’essayer et réessayer, encore et encore.

Pour y trouver un peu d’énergie il se rend à quelques reprises dans des soirées de danses qui sont offertes dans les parcs à l’extérieur, près de chez lui. Pas qu’il s’adonne vraiment à la danse, mais se retrouver dans une ambiance festive lui fait du bien et lui permet de possiblement faire des rencontres intéressantes. Il se dit, les personnes qui sont présentes ici ce sont des personnes qui aiment la vie, qui sont joviales, et ça, ça me convient! Allons-y!

Des rencontres il en a fait plusieurs. Mais celle qui a retenu son attention et avec laquelle il a réussi à développer l’envie de s’investir et d’approfondir le lien, il n’y en a eu qu’une seule, et cette relation dure maintenant depuis plus de 25 ans.

C’est un de ces soirs, que sur la piste de danse, son regard s’est arrêté sur cette femme qui dansait avec enthousiasme, légèreté et avec la joie de vivre dans les yeux.  Une femme-fleur. Elle s’appelle Rose et elle danse comme une fleur qui vacille de sa tige au gré du vent. Elle porte bien son nom. C’est une femme qui mord dans la vie. Rien ne l’arrête, surtout pas son âge. Elle dégage cette vitalité et cette liberté qui donne le goût de la suivre. Israël en a eu le goût. Au fil du temps, ils ont entamé la deuxième moitié de leur vie côte à côte, bras dessus, bras dessous.

Traverser le deuil permet de pouvoir choisir la vie

Rose découvre une vie différente avec Israël. Elle, qui a toujours eu cet élan, cette fougue, elle n’avait pas eu l’occasion de vivre à la hauteur de ses aspirations. La relation avec Israël lui donne des ailes. Elle l’aime et elle veut le suivre partout. Plutôt craintive, elle arrive même à dépasser ses peurs et s’aventure dans toutes sortes d’activités que lui propose son amoureux. Israël lui montre à faire du vélo et elle réussit! C’est avec bonheur qu’ils partent régulièrement ensemble faire des escapades et s’arrêtent faire une pause en pique-nique. Il l’aide à apprivoiser sa peur de l’eau et elle apprend à nager, au grand plaisir d’Israël qui est un nageur-né. Ils partent même faire du canot tous les deux. Rose est heureuse et elle ne se gêne pas pour l’exprimer à Israël. Ils se sont construits une vie active dans laquelle les tourtereaux peuvent jouir pleinement de leur nouvelle vie.

L’une des aventures les plus mémorables pour le couple a été celui de visiter la Gaspésie et de transformer leur Hyundai Accent hatchback en « tente » une fois le moment de dormir. Rose est fière de se faire demander par leurs voisins sur le site camping : « Qu’est-ce que vous faites là madame? » C’est avec le sourire dans les yeux qu’elle leur répond avec élan : « Ben oui, je colle des journaux sur les vitres de l’auto pour garder la noirceur, on dort dans la voiture nous, on baisse les bancs arrière et on a tout l’arrière de la voiture qui se transforme en lit avec un grand matelas soufflé dans le fond! » À côté, Israël la regarde et sourit. Il est heureux de la voir fière d’elle de s’aventurer dans ce périple.

Découvrir un nouveau sens à sa vie

Rose vit des années de bonheur aux côtés d’Israël et sa vie est devenu savoureuse, vivante et colorée. Mais ce bonheur est partagé. Rose ne se doute peut-être pas de tout ce qu’elle offre à Israël par sa joie de vivre, son dynamisme et la confiance qu’elle lui témoigne. Israël trouve, en compagnie de Rose, un second souffle à sa vie. Il est fier de voir le courage de Rose et partager avec elle une vie trépidante. Il se sent important auprès de Rose qui le valide dans sa valeur et le bon qu’il a à offrir à l’intérieur de lui. Il fait du bien à Rose et ça lui fait du bien à son tour. Il est témoin et acteur de l’émancipation de Rose. Il est ainsi stimulé à s’engager dans la vie en s’aventurant encore et encore dans de nouveaux défis. Le plaisir est au rendez-vous et de partager ces moments ensemble leur apportent à tous les deux un sens à leur vie.

Israël trouve avec Rose une partenaire avec qui il peut partager et vivre des expériences hors du commun dans le plaisir et la joie de vivre; et Rose trouve avec Israël un partenaire propulsant et rassurant qui l’aide à trouver la confiance de s’aventurer dans la vie.

Et vous, quels moyens prenez-vous pour vous émerveiller devant les petites choses et pour cultiver le plaisir dans votre vie ?

Louise Tellier, TRA, Thérapeute en relation d’aide ^md