La démarche thérapeutique par la relation d’aide pour apprendre à recevoir
recevoir la compassion par l'écoute sensible

Il est difficile de recevoir

Une des plus grandes difficultés que j’ai pu observer chez les gens et particulièrement dans mon rôle de TRA, thérapeute en relation d’aide, est la difficulté à recevoir.

Pendant les séances de thérapie j’offre régulièrement des reconnaissances spécifiques à mes clients et je leur exprime ma sensibilité en lien avec leur partage. Il n’est pas rare de les voir à ce moment passer rapidement sur un autre sujet ou s’étendre sur des explications pour se justifier.

Cette observation attire mon attention et évoque ma sensibilité. J’ai donc voulu me pencher sur cette situation et mettre en lumière l’impact généré par ces réactions sur le cheminement personnel vers le mieux-être.

L’impact du jugement de soi et de la dévalorisation sur ses besoins fondamentaux

Les réactions sont en fait des mécanismes de défenses. Ils sont mis en place souvent sans même s’en rendre compte. Le but étant de protéger, d’épargner l’être humain de ressentir des émotions et des sensations désagréables ou douloureuses.

Souvent, derrière ces réactions, se cache un vécu d’inconfort, d’illégitimité à recevoir, un malaise d’entendre des bons mots envers soi-même. Ce qui est le plus triste c’est qu’on puisse croire qu’on ne mérite pas ces bons mots!

Dans mon rôle d’aidante, il est parfois favorable de vérifier que j’aie été bien entendu par mon client dans ce que je lui offre. C’est alors que je prends conscience de la présence de cette difficulté à recevoir.

Pour l’illustrer, ça peut sonner comme ceci : « Ah moi (rire), je suis meilleur pour donner que pour recevoir ! »  ou « Je ne suis pas habitué à recevoir! ».

Effectivement, souvent de par l’éducation reçu, il n’est pas rare de constater combien on peut se juger d’égoïste d’accepter de recevoir pleinement ce qu’on nous offre. On a peur que ça nous monte à la tête et par fausse modestie on ne s’arrête pas pour recevoir. Alors on se coupe émotionnellement devant les compliments, les reconnaissances, les félicitations, les excuses, l’empathie ou la compassion qu’on reçoit.  On banalise : « Ben non, c’est rien ! ».  On se dévalorise : « Oui, mais j’aurais tellement dû faire ça bien avant ! » Bref, on ne reçoit pas! C’est triste parce que de cette manière on entretient les manques affectifs et on se maintient dans un état de carence. Les besoins fondamentaux de reconnaissances, de considération, de respect, de support, d’importance, de reliance et d’amour ne peuvent être comblés, ce qui génère une souffrance à l’intérieur de soi.

Femme main cœur

Une prise de conscience plus large

J’aime prendre une image pour illustrer l’envers de la médaille à cette difficulté. L’objet de la reconnaissance ou de la sensibilité offerte à l’autre est représenté ici par un bouquet de fleurs. Ne nous viendrait certainement pas à l’idée de balayer de la main ce bouquet (à moins d’un conflit relationnel). Pourtant, le fait de ne pas s’arrêter pour le recevoir, se compare à ce geste de balayage de la main.

Cette image m’a toujours impacté. Elle m’a sensibilisé au vécu de rejet que le donneur peut vivre dans son offrande qui n’est pas reçu. Loin de moi l’intention de créer un sentiment de culpabilité devant l’incapacité à recevoir. L’objectif étant de permettre une prise de conscience de l’impact nuisible pour soi-même et qui peut être blessant pour le donneur à ce moment.

Développer ses capacités et trouver un mieux-être par la relation d’aide avec une TRA

Dans une démarche thérapeutique, au fil des séances, cette capacité s’acquiert et se transforme. La prise de conscience du fonctionnement et du vécu déstabilisant qui se cache derrière ce dernier est le premier pas vers un changement plus satisfaisant. Commence alors le travail d’accueil des émotions et des sensations ressentis. On a besoin d’apprivoiser ce vécu. Ce n’est pas facile de tolérer l’inconfort ou le jugement sur soi. C’est pourtant ce dépassement qui transforme et permet de développer une meilleure capacité à se nourrir en relation.

Grâce à la relation de confiance qui s’installe entre l’aidant et le client, il devient possible pour ce dernier d’y arriver. Il développe la capacité à ressentir le cadeau de ce grand pas qu’il fait pour lui-même. À l’aide du travail d’accompagnement dans lequel l’aidant offre une juste sensibilité à son client, il peut s’arrêter pour ressentir le sens et la valeur de ce travail sur soi et de son dépassement.  Il éprouve par exemple de la satisfaction avec son besoin d’importance qui est comblé après avoir été reconnu pour son engagement envers lui; ou de l’apaisement de recevoir de la compassion pour la difficulté qu’il traverse.

Le mécanisme de défense fait maintenant place à l’ouverture du cœur et à la vulnérabilité. C’est dans cet espace que l’humain parvient à se nourrir et ainsi à combler ses besoins qui lui procure le bien-être qu’il recherche.

Je vous souhaite donc tout le courage nécessaire pour agir et vous offrir le support dont vous avez besoin pour entamer votre traversée vers une plus grande qualité de vie et plus d’harmonie à l’intérieur de vous-même.

Avec toute ma bienveillance.

Louise Tellier, TRA, Thérapeute en relation d’aidemd