Israël, né en 1930, inspiration d’un homme d’aujourd’hui.
Quelle est la réaction du corps devant une trop grande insécurité ?
Israël a six ou sept ans. Il est l’aîné d’une famille de six enfants. Un jour, sans explication, Israël et ses frères sont amenés dans un orphelinat. Ils y sont restés pendant quelques temps avant d’être transférés dans un pensionnat. Ce n’est qu’au bout de deux ans qu’ils ont pu retourner dans leur nid familial avec leurs parents et toute la famille. À leur retour, pas un mot. Aucune explication. Comme s’il ne s’était jamais rien passé. Israël garde à l’intérieur de lui tout son vécu souffrant et son incompréhension de ce qu’il a subi.
L’insécurité qu’Israël vit pendant cette période loin de ses parents est magistrale. Il perd ses repères. Éloigné de ce qu’il connait et de sa source principale de sécurité, la présence de sa mère. Il développe des peurs qu’il n’est pas capable d’identifier. Il ressent une boule de peurs à l’intérieur de lui dont il est le seul à connaître l’existence. Il ne sait pas quoi faire de cette boule qui le terrifie. Il n’arrive même pas à pleurer. Pendant ces deux années, il ne réussit pas à créer de liens significatifs avec les religieux qui occupent les lieux. Du haut de ses sept ou huit ans, il reste seul avec sa grande insécurité.
Néanmoins, le corps est bien fait. Devant le manque d’outil pour changer le cours des choses, il permet à Israël de vivre un répit. De façon automatique, sans qu’Israël l’ait décidé, le corps refoule les émotions trop difficiles à ressentir pour lui. Israël arrive donc à survivre dans cet environnement grâce à ce mécanisme de défense. Il réussit alors à percevoir les choses de façon différente. Avec sa nouvelle lunette, il arrive à détecter des opportunités d’expériences excitantes dans lesquelles il se découvre et se développe. Israël est un petit garçon qui a un goût particulier pour l’aventure. À travers celles-ci, il prend conscience de ses forces physiques, de sa capacité de débrouillardise et du courage dont il peut faire preuve. Par exemple, lors des étés passés au camp où les religieux les amènent pour les vacances, il apprend à nager par lui-même et développe une passion pour la natation.
Quel est l’impact douloureux dû au refoulement de l’insécurité ?
Au fil du temps Israël continu de garder ses peurs à l’intérieur de lui. Aujourd’hui il vit avec cette empreinte qui se traduit entres autres par de l’anxiété. C’est particulièrement les matins, au réveil, que l’anxiété se manifeste pour lui. Une sensation de mal-être l’envahit. Il ressent une baisse d’énergie, un manque de motivation et il se sent accablé. Une sensation de manque qu’il n’arrive pas à préciser. Israël souffre pendant ces moments. La sensation de perdre un sens à sa vie, de perdre ses repères à nouveau est presque insoutenable. Il a besoin de se connecter à ses repères pour se sécuriser et retrouver un bien-être.
Comment retrouver son pouvoir et trouver un bien-être ?
C’est à ce moment qu’il utilise ses capacités créatrices. Vous aimeriez certainement être un ptit oiseau pour le voir. Le matin Israël se lève et siffle, tout simplement. Non par habitude, mais par volonté. Il se parle aussi. « Mon Israël, là tu vas manger tes céréales, celle que tu aimes tant et boire un bon café, ça te fera du bien! ». C’est touchant toute sa détermination. Israël arrive ainsi à demeurer dans le moment présent et à contacter sa réalité d’aujourd’hui. Il retrouve un pouvoir sur sa vie et réussit à s’offrir la sécurité dont il a besoin.
Un moment anecdotique, celui où il a pris les moyens de se sécuriser devant son projet de retourner en vacances dans le sud. Une visite de pratique à l’aéroport. Il s’est donc présenté de la même manière que s’il partait pour le vrai. La commis de l’agence de voyage vers laquelle il s’est approché lui a demandé son billet. Israël lui répondit : « Mais non je ne pars pas maintenant, c’est juste pour me pratiquer! Je pars dans un mois, merci beaucoup madame ! ». Dans cet exemple, sa capacité d’acceptation de son insécurité lui est salutaire. Il peut ainsi se rassurer, trouver un calme à l’intérieur de lui et récupérer une confiance en ses moyens. En bonus, il peut continuer de croire en ses projets de voyage. Il retrouve sa liberté.
Et vous, quels moyens prenez-vous pour retrouver un calme à l’intérieur de vous et récupérer votre liberté de vous réaliser ?
Louise Tellier, TRA, Thérapeute en relation d’aidemd